ALLO BRUXELLES: CITITRIP DE L'ACTIVATION DES DEMANDEURS D'EMPLOI

Schtroumfette

A l'heure de l'activation des chômeurs en Belgique, qu'en est-il chez nos voisins français et hollandais ? Nos demandeurs d'emploi sont-ils les seuls à être confrontés à une politique d'activation ? Et bien non, détrompez-vous, nous ne sommes pas les seuls à être soumis à cette politique venue selon les uns des pays scandinaves et selon d'autres des pays anglo-saxons. Tout dépend du point de vue...

Si nous nous disputons concernant la régionalisation ou non de la politique de l'emploi, cela fait longtemps que ce débat est dépassé aux Pays-Bas où la politique des allocations de chômage est gérée par... les municipalités. Inutile de dire que certaines sont moins bien loties que d'autres, et que, comme corollaire, les demandeurs d'emploi ne sont pas tous logés à la même enseigne. Ainsi, la ville de Rotterdam doit faire face au 10% de chômage de sa population active. Il fallait trouver une solution dans l'air du temps : werk direkt a été développé pour les demandeurs d'emploi de plus de 23 ans à comportement difficile et Work First vise ceux de moins de 23 ans. Les deux programmes se base sur un socle commun : les demandeurs d'emploi qui refusent les jobs ou les formations proposés perdront tout ou une partie de leur allocation.

Pour ceux qui pensent que l'allocation de chômage est un droit, Yvonne Van Oers, porte-parole de la Ville de Rotterdam nous rappelle qu'il ne l'est qu'en dernier ressort. « Si on active un chômeur, le reste suit plus facilement. Sa mentalité commence à changer. Avant, les chômeurs pensaient qu'ils avaient en quelque sorte droit à une allocation. Nous voulons montrer qu'ils n'en recevront une que si nous ne pouvons pas faire autrement. Ceux qui ont des enfants montrent ainsi à la génération suivante que les choses peuvent être complètement différentes. »

Maintenant que les choses sont claires avec les demandeurs d'emploi, il ne reste plus qu'à leur proposer des emplois. Si ce dernier refuse, l'effet est « direct » : il perd ses allocations pendant un mois. Un second emploi lui est proposé et si l'administration se heurte à un second refus : suspension de trois semaines.

Par ailleurs, l'administration ne s'arrête pas en si bon chemin puisque le demandeur d'emploi qui a refusé les emplois si généreusement proposés se voit à nouveau convoqué afin de s'expliquer sur... la manière dont il a vécu pendant cette période sans allocation « parce que personne ne peut vivre sans argent ». SIC

Et du côté de nos voisins français ? Aucune régionalisation, communautarisation ou municipalisation en cours, l'état central reste seul responsable de la politique de l'emploi et des allocations de chômage. Tous les demandeurs d'emploi y sont soumis à la même politique d'activation. Cependant, ils n'ont pas pour autant les mêmes droits et les mêmes devoirs. En effet, en France, la définition de l'offre raisonnable d'emploi qui ne peut être refusée ne sera pas la même pour tous puisque depuis peu, elle évolue selon le temps de chômage du demandeur d'emploi.

Ainsi, après trois mois d'inscription à l'ANPE, le chômeur doit accepter toute offre incluse dans sa zone géographique de recherche mais le salaire doit correspondant à seulement 95 % de son salaire antérieur. Après six mois, ce taux descend à 85 % et la limite géographique entre le domicile et le travail s'étend à une heure de transport ou de 30 kilomètres. Après un an de chômage, il est grand temps d'être réaliste, c'est pourquoi la limite géographique entre le domicile et le travail reste fixée à une heure de transport ou de 30 kilomètres, mais le demandeur d'emploi doit accepter toute offre supérieure (même de peu) au montant de son allocation chômage. SIC

Par ailleurs, ce texte annonce la disparition progressive d'ici 2012 de la « dispense de recherche d'emploi » qui permettait aux demandeurs de plus de 57 ans et demi de rester inscrit à l'ANPE mais sans que leur recherche ne soit contrôlée. Cette disposition était une adaptation à la réalité du marché de l'emploi puisque ce n'est un secret pour personne que les entreprises ne raffolent pas des « séniors ». Le demandeur d'emploi de plus de 57 ans est contraint de chercher de l'emploi comme un jeune premiers même si peu d'employeurs sont prêts à lui offrir un rôle à sa mesure.

Et comme après toutes ces précautions, il reste encore des demandeurs d'emploi teigneux et récalcitrants qui risquent de refuser des offres d'emploi raisonnables, les sanctions sont alourdies. C'est ainsi qu'au bout de deux refus d'offres d'emploi raisonnable, la sanction n'est plus une radiation de deux semaines, mais une radiation de deux mois.

Un cititrip chez nos voisins les plus proches et c'est toute l'Europe sociale qui s'éloigne !