SUR LE VIF : LA VALIDATION DES COMPETENCES DANS LE PROLONGEMENT D'UNE FORMATION EN ISP

Les stagiaires « découpeur - désosseur » sortis du CAF en août 2008, sont unanimes : « Avoir obtenu le Titre de compétence, c'était le pied total, la fierté d'y être arrivé ! ».

Ana Teixeira

Six stagiaires sur neuf, ont choisi de tenter l'expérience, tous l'ont réussie. Félicitations !
La validation des compétences, ce fut avant tout pour les stagiaires une manière de confirmer auprès d'une instance officielle, autre que l'opérateur de formation, le niveau de maîtrise acquis d'une pratique professionnelle.

Dans ce secteur, tout employeur qui engage un nouveau collaborateur lui demande de découper et de désosser un animal devant lui. C'est ainsi que, se préparer à passer l'épreuve de validation au Centre de validation Epicuris, c'était par la même occasion, pour les stagiaires, le moyen de se préparer à passer des entretiens d'embauche. L'acquisition de ce titre était avant tout d'ordre symbolique. Ils n'ont d'ailleurs pas trouvé utile de le mentionner lors de leur engagement, début septembre chez Colruyt. Leur motivation consistait donc à vérifier qu'ils étaient capables de mobiliser leurs acquis de manière adéquate en situation d'épreuve et bien sûr de travail. Par ailleurs, les titres de compétences sont encore mal connus des employeurs et n'entraînent pas de plus-value salariale.

Pour le CAF, proposer ce dispositif de validation aux stagiaires était initialement une façon, pour le centre et pour les stagiaires, de confronter sa pratique et ses résultats à une évaluation externe. Mais après avoir vérifié le niveau d'exigence et le seuil d'employabilité attendu (le formateur technique en boucherie en charge du groupe, riche d'une longue expérience professionnelle, a lui-même passé l'épreuve), le CAF s'est véritablement pris au défi de permettre aux stagiaires d'être tous en mesure de passer l'épreuve. Très vite, ce projet est devenu un moteur stimulant pour le public et l'équipe pédagogique. Il leur a semblé pertinent de l'inscrire dans un processus de réussite et dans le programme de formation lui-même.

Comment ?
Voici quelques années, les objectifs de formation avaient ont tous été traduits en compétences visées. Dès lors, la formation a pu véritablement se bâtir autour de cet axe d'évaluation. Chaque semaine, des mises en situation « d'évaluation » suivant un modèle systématique, ont permis aux apprenants de s'habituer au stress qu'elles engendrent. Chaque lundi, trois stagiaires avaient trois heures pour découper et désosser une bête (bœuf ou porc), alors que les autres observaient en silence, en présence du formateur, de la coordinatrice pédagogique et de la directrice jouant le rôle de vérificateurs. Un débriefing collectif leur permettait juste après d'établir ce qui avait été exécuté correctement ou ce qui devait être encore amélioré. Le vendredi suivant, un film montrant le formateur dans la même situation permettait à tous d'intégrer les « bons » gestes professionnels et de développer une prise de conscience sur la pratique et de comprendre pourquoi agir de telle façon et à tel moment. Le lundi suivant, trois autres stagiaires passaient la même évaluation, forts du travail d'analyse effectué... et ainsi de suite.  

Cette dynamique a véritablement permis d'exploiter les grilles d'évaluation préalablement construites. Au fil des semaines, les stagiaires ont compris le pourquoi du comment, ils ont appris à nommer les compétences et à s'autoévaluer. Ils ont gagné en maîtrise technique mais aussi en confiance. Vous l'aurez compris, tel est bien l'enjeu majeur du dispositif de validation des compétences pour le public ISP. Ils ont augmenté leur estime de soi et trouvé un emploi. Dans ce secteur d'activité, en grande pénurie de main d'œuvre, c'est possible.