SOMMAIRE DE L'INSERTION 124

N°124 : Les conditins de vie des stagiaires ISP : entre obstacles et ressources

Pendant plusieurs mois, le monde s’est arrêté tandis que la pandémie voyageait à travers le monde.


La confrontation à cette crise aura des conséquences que nous appréhendons encore difficilement. Si les crises ne changent pas les gens, elles ont le pouvoir de révéler qui nous sommes. En sortant de la crise sanitaire, nous pourrions vouloir changer certaines de nos habitudes. Lorsque nous sommes confrontés à l’impensable, nous sommes forcés de penser autrement. Les comportements sur lesquels sont fondés notre système économique et social pourraient donc évoluer.

De nombreuses personnes souhaiteront consommer moins, mieux et local, d’autres auront réfléchi aux systèmes éducatifs. Des parents auront concrètement pensé à la désobéissance civile, des anciens auront maîtrisé la technologie. Beaucoup d’entre nous auront constaté notre besoin de contact quotidien. Certains se seront sentis seuls et d’autres trop accompagnés. Certains n’auront pas pu enterrer leurs morts, d’autres auront célébré leur mariage juste à deux… et se seront rendu compte que c’était suffisant. Certains n’auront pas pu bercer leurs petits-enfants et d’autres auront fêté leur anniversaire
en apéros virtuels. Certains auront dessiné à la craie, mis des banderoles et d’autres auront applaudi à 20h00. Certains auront constaté l’utilité de leur travail tandis que d’autres se seront confrontés au vide de sens. Sans parler des enfants qui auront dû apprendre autrement et d’autres choses, des enfants qui auront vécu notre dépendance à la technologie de manière plus intime encore que précédemment. Des adolescents se seront habitués à maintenir un contact continu sans présence physique, ils se seront habitués à sourire, à rire aux éclats et à pleurer par émoticônes interposés, ils auront vu concrètement leurs parents travailler, etc.

Le rythme de certains aura ralenti tandis que pour d’autres il se sera accéléré. Tous, nous aurons pensé à la maladie, à la santé, à la mort et à la vie.

Après la crise, c’est encore la crise. En effet, le ralentissement de la planète n’est pas bon pour le système économique qui nécessite une consommation et une production en continu. Une crise sociale et économique est déjà prévue. A Bruxelles, une augmentation entre 30 000 et 50 000 demandeurs d’emploi est attendue. Avec cette crise économique arrivent les demandes de financement de part et d’autre. Le budget régional pré-crise sanitaire était déjà compliqué. Cet afflux de demandes supplémentaires va encore alourdir la situation. Il nous faudra rester extrêmement vigilants à ne pas laisser le secteur économique classique être refinancé en ne laissant que des miettes aux secteurs social, santé et culturel. Refinancement d’un côté et austérité de l’autre. C’est une mélodie que nous connaissons...

En fait, le plus grand risque est probablement que les choses bougent mais que rien ne change, que personne ne se soit remis en question et que les choses continuent exactement de la même manière.

Il nous faudra réfléchir ensemble de manière plus profonde aux modifications de comportement, voir comment nous pourrions garder le meilleur et déployer un système économique et social à la mesure de notre humanité.

 

Tatiana Vanessa Vial Grösser
Co-directrice de la FeBISP