DOSSIER : LES COPILOTES DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE, NOMMONS LES CDR, CDC ET CTA

Le point sur les Centres de Référence, les Centres de Compétences, les Centres de Technologies Avancées, les centres de validation des compétences

Ana Teixeira

DES CENTRES DE REFERENCE A BRUXELLES

À Bruxelles, deux Centres de Référence sont actuellement opérationnels, le premier, Iristech +, existe depuis 2003 dans le secteur du métal, le second, Evoliris, se développe depuis 2006 dans le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC). Trois centres se sont constitués fin 2007 sur un plan juridique dans les secteurs Transport et Logistique, Construction et Horeca et devraient démarrer leur activité au cours de l'année 2008.

RENCONTRE AVEC ANTOINE DE BORMAN, CONSEILLER-ADVISEUR CELLULE EMPLOI AU CABINET DU MINISTRE BENOIT CEREXHE EN RBC

« Trois éléments ont suscité la création de CdR à Bruxelles : la nécessité de mieux articuler l'approche couplée emploi/formation », la volonté d'impliquer les secteurs et d'intéresser davantage les fonds sectoriels qui jusqu'à présent étaient réticents dans leurs investissements à Bruxelles et un certain mimétisme né de la plus-value apportée par les CdC en Wallonie.

L'engagement de travailler ensemble existe réciproquement. La définition du rôle des CdR et la modalité de collaboration entre les acteurs ont été précisées dès juillet 2006 dans un protocole cadre, rédigé par le Ministre de l'Économie, de l'Emploi et de la Recherche scientifique et adopté par le Gouvernement bruxellois. Les CdR doivent développer une expertise pour identifier les besoins des entreprises, analyser les besoins des secteurs dans un objectif de mise à l'emploi, faire un état des formations et concevoir des formations dans un cadre équipé. Ils doivent aussi proposer des pistes d'amélioration quantitative et qualitative et constituer des plates-formes pédagogiques où trouver des solutions entre différents partenaires.

Contrairement aux CdR et CdC qui ont un rôle de veille technologique, les CTA ont pour fonction exclusive de mettre à profit un équipement de pointe. Alors que les CdR et les CdC ont pour public principal les demandeurs d'emploi et, de manière complémentaire, les élèves et les étudiants, c'est l'inverse en ce qui concerne les CTA (qui sont organisés à partir des écoles). En région bruxelloise, les CdR et CTA doivent s'assurer que leurs équipements respectifs sont complémentaires (il n'est pas pertinent que des centres, peu éloignés, présentent le même équipement).

En région wallonne, la complémentarité géographique s'ajoute à la complémentarité opérationnelle et est moins pertinente en RBC. La région bruxelloise intervient à concurrence de 50% et laisse le secteur privé participer de manière substantielle au financement via la valorisation d'équipement ou l'apport de personnes ressources. »

RENCONTRE AVEC MICHEL LEGEIN, DIRECTEUR D'IRISTECH+

Les métiers du secteur du métal ont mauvaise presse, on parle de conditions difficiles, de travail pénible, sale et lourd. Or, la réalité du secteur est tout autre : on y travaille autant avec la tête qu'avec les mains, les chambres techniques sont aujourd'hui aussi propres que des chambres d'hôpital et une technologie de pointe demande un niveau de qualifications relativement élevé. Iristech+ organise régulièrement des séances d'information sur les métiers du secteur qui sont de 6 types : Soudage, HVAC, Réfrigération, Techniques d'ascenseur, Maintenance industrielle, Machines outils de tournage/fraisage. Il s'adresse à différents publics (scolaires, Chercheurs d'emploi CE, travailleurs).

Les formations d'Iristech+ permettent aux chercheurs d'emploi (70% du public), aux travailleurs en formation continuée (20% du public) et aux élèves (10% du public) des écoles techniques et professionnelles bruxelloises de développer des prérequis professionnels et de se spécialiser par rapport aux besoins spécifiques de main-d'?uvre du secteur. Toutes activités confondues, le centre de référence a permis, en 2006, la réalisation de 75.718 heures de formation.

Avec la collaboration d'ACTIRIS, le centre de référence a intégré, dans ses formations destinées aux chercheurs d'emploi (CE), un accompagnement à la recherche d'emploi (CV, techniques de présentation, lettre de motivation, recherche de stage). En 2006, une cinquantaine de CE ont terminé une formation d'une durée de 6 à 12 mois.

L'idée reçue que les métiers du secteur du métal ne concernent que les hommes n'incite pas les jeunes filles à s'y former. Il est difficile de trouver des relais pour trouver un public féminin, or certaines entreprises, Schneider par exemple, spécialisé dans le montage électrique n'engagent que des femmes pour leur régularité, leur méthodologie, leur patience et leur qualité dans la finition de petites pièces électriques.

Le centre doit réadapter ses formations aux réalités et aux exigences du marché de l'emploi. Mais elles évoluent aussi dans l'optique d'une recherche de compatibilité des référentiels de formation entre différents opérateurs de formation professionnelle. Pour Michel Legein, directeur d'Iristech+ : « Le dialogue avec Bruxelles Formation sur les contenus de formation des compétences à faire acquérir pour le métier de soudeur a augmenté la rigueur de notre évaluation. » Par ailleurs, Iristech+ en devenant un centre de validation des compétences en 2007, a également reconsidéré ses référentiels dans une optique d'unités de compétence. Ces deux approches visent à augmenter le seuil d'employabilité des personnes. À présent, les personnes qui se forment en « soudage » suivent de 4 à 6 mois de formation et aboutissent à des seuils différents d'employabilité.

Les tests d'entrée varient selon la formation. Il n'est pas toujours nécessaire de maîtriser le français écrit, savoir lire peut suffire, mais il faut au minimum maîtriser les compétences de base en calcul et pouvoir parler couramment en français. Le problème d'ailleurs n'est pas tant « technique », les instructeurs d'Iristech+ (payés par le Fonds sectoriel) ont coutume de dire : « qu'il y a dix ans, 80% des problèmes étaient techniques et 20% sociaux, aujourd'hui l'ordre des choses s'est inversé : 80% des difficultés sont liées à une non-adéquation des attitudes au travail ». Pour Michel Legein : « Le meilleur service qu'on peut rendre à un chercheur d'emploi pour l'amener au seuil d'employabilité de l'entreprise est de le considérer exactement comme tout travailleur. Des évaluations régulières sur le savoir, le savoir-faire et le savoir-être sont menées individuellement avec les CE, l'instructeur, le conseiller référent d'ACTIRIS et moi-même. C'est ainsi que l'on peut y arriver ».

 

RENCONTRE AVEC JEAN-PIERRE RUCCI, DIRECTEUR D'EVOLIRIS

Suite à une première année d'activité, Evoliris regroupe des opérateurs institutionnels (Bruxelles Formation, Actiris), la plupart des opérateurs publics ou privés (opérateurs de formation, organismes d'insertion socioprofessionnelle), des fonds sectoriels et des entreprises. La mise à disposition d'une infrastructure de pointe représente pour tous les partenaires une plus value dans l'organisation de formations à destination de leurs publics respectifs. Les projets sont menés sans créer de concurrence entre les partenaires et offrent une plus-value par rapport à l'offre de formation actuelle. Un cofinancement de 50% se fait entre les pouvoirs publics et le privé.

Evoliris met en ?uvre diverses plates-formes technico-pédagogiques. À titre d'exemples :

  • La Plate-forme de « Technicien Supérieur en Sécurité Informatique » qui vise à former des chercheurs d'emploi bruxellois au métier de la sécurité informatique. Il s'agit d'un partenariat entre Evoliris, Bruxelles formation et le FEMB.
  • La Plate-forme CISCO qui vise à former un public d'élèves (1ère, 2ème, 3ème année « Ingénieurs industriels »), des travailleurs et des demandeurs d'emploi à l'installation du matériel CISCO (Serveurs de sécurité adaptatifs), en petites entreprises comme en multinationales. Elle réunit Evoliris, Bruxelles Formation, le CEFORA et l'Institut Supérieur Industriel bruxellois (ISIB).
  • Une plate-forme pédagogique (incluant Evoliris et 6 organismes d'insertion socioprofessionnelle (OISP) : FIJ, COFTEN, PIMENT, CF2M,...) qui se questionne sur les moyens d'augmenter la capacité d'un public peu qualifié à transférer des compétences acquises dans une situation d'apprentissage dans une expérience professionnelle.
  • Une plate-forme téléphonique de recherche d'emploi spécifique au secteur N'TIC (conçue sur un concept de formation selfmarketing), a formé 9 agents de guidance (des centres NTIC ISP) pour qu'ils forment ensuite un public ISP à un mode de recherche d'emploi plus proactif et mieux adapté au secteur.

Evoliris stimule et coordonne également des actions de formation en TIC pour l'insertion et la réinsertion socioprofessionnelle de publics défavorisés et peu qualifiés (ce public est prioritaire pour le Centre en 2007 et 2008). Ce type d'action intéresse tous les acteurs de l'emploi et de la formation à Bruxelles. En effet, si les entreprises ne trouvent pas de main-d'?uvre qualifiée, les opérateurs eux-mêmes ont des difficultés à trouver un public ayant atteint le niveau de qualification requis pour remplir les groupes en formation. Cela pousse d'ailleurs progressivement ces opérateurs à concevoir autrement leurs formations et à se tourner vers un public moins qualifié. La pratique montre que les « bidouilleurs » en informatique existent toujours et qu'ils atteignent parfois des niveaux de compétences pouvant être exploités et développés en formation et par la suite, à l'emploi.

 

DES « CENTRES » DE COMPETENCES EN WALLONIE

Le Réseau des Centres de compétence existe depuis 2001. Il est géré par un Comité de pilotage qui se compose d'un représentant de chaque Centre de compétence, d'un représentant du FOREM qui en assure la présidence et d'un représentant du Ministre de tutelle. La cellule technique, composée de 5 personnes veille à la qualité du label, elle s'assure que les actions évoluent dans le respect des missions attribuées aux Centres de compétence. C'est ainsi que sont organisées toutes les 6 semaines des réunions de coordination qui contribuent à un échange de bonnes pratiques et à une harmonisation des fonctionnements des centres.
http://www.centresdecompetence.be

EN REGION WALLONE : 24 CENTRES DE COMPETENCE ACTIFS ET UN 25EME A LABELLISER COURANT DU PREMIER SEMESTRE 2008

Le Réseau des Centres de Compétence  comprend à ce jour 24 centres  dont le dernier a été labellisé en septembre 2007 ; 14 sont des asbl et 10 centres sont des centres de FOREM FORMATION. Un dernier Centre de Compétence FOREM Formation ouvrira prochainement ses portes à Marche pour répondre aux besoins du secteur du Tourisme. Carine Hacquart, responsable de la communication du Réseau précise que dans ce secteur d'activité : « le champ d'activité des formations existantes devrait être élargi.  et demande à être élargi. En ce qui concerne ce dernier Centre de Compétence, son caractère de pointe ne réside pas forcément dans le recours à un matériel technologique haut de gamme mais recouvre des thématiques pointue. »

Début 2007, les 23 centres actifs avaient programmé pour l'année, un volume d'activité s'élevant à 4.083.825 heures pour un total de 69.421 stagiaires . Entre janvier et septembre, plus de 70% des heures prévues ont été organisées, 87% des personnes prévues ont été formées et 4.181 entreprises ont été touchées. En termes d'heures de formation, près de 64% des heures ont été dispensées à des demandeurs d'emploi, près de 15% à des travailleurs et près de 10% à un public issu de l'enseignement (étudiants et professeurs). Par contre, en ce nombre de personnes touchées, les travailleurs représentent près de 40%, les demandeurs d'emploi près de 25% et le public enseignant plus de 26%.

L'importance du volume d'heures organisées à l'attention des demandeurs d'emploi s'explique notamment par la durée des formations. Celles-ci durent plusieurs mois pour les demandeurs d'emploi et quelques jours ou semaines pour les travailleurs, les étudiants et les professeurs.
Ouverts à tous, les centres ne visent pas un public prioritaire et ceci est un principe défendu par le Réseau des Centres de Compétence. Dans les faits, les niveaux de prérequis varient selon les formations et plus précisément selon leur caractère généraliste ou spécifique. C'est en fonction des prérequis demandés à l'entrée en formation, que les modules s'adressent à certains publics plus qu'à d'autres. Certains profils requièrent des compétences que seuls des travailleurs en activité peuvent détenir.

Au cours de l'année 2008, le nombre maximum de 25 Centres de Compétence sera atteint. L'ensemble des centres couvre à la fois les besoins régionaux et les secteurs d'activités prioritaires par rapport à l'emploi. Le Réseau des Centres de Compétence aura dorénavant en charge de faire évoluer le réseau par rapport à d'autres dispositifs dans le champ de la formation professionnelle, notamment les dispositifs de validation des compétences et de screening.

RENCONTRE AVEC PAUL-HENRI GILISSEN, DIRECTEUR D'AUTOFORM

Le partenariat n'est pas un vain mot ! AutoFORM est un Centre de Compétence situé à Liège, dédié aux métiers des services de l'automobile. Il est ouvert à un large public. Son originalité est de réunir, en un même lieu, ses propres pôles de formation en étroite collaboration avec EDUCAM , FOREM Formation et un centre de l'Institut wallon de Formation en Alternance et des indépendants (IFAPME) pour mutualiser l'ensemble des équipements de base et de haute pointe, utile à la formation des demandeurs d'emploi, des travailleurs, des apprentis, des élèves... La mutualisation des équipements demande de s'organiser car beaucoup de personnes se forment sur les mêmes machines. Les partenaires à l'initiative de la création du Centre ont choisi de cogérer une entité juridique distincte, créée sous forme d'association sans but lucratif (ASBL) pour assurer la coordination de l'ensemble et la formation des travailleurs, des enseignants et des étudiants.

Chez AutoFORM en 2007, sur 190.000 heures de formation, 38% du public sont des apprentis ou des chefs d'entreprise inscrits en formation à l'IFAPME, 25% sont des travailleurs et 25% sont des élèves ou des professeurs, enfin 12% du public recherche un emploi et près de 20.000 heures de formation sont organisées par le FOREM Formation. La formation continue des travailleurs est dispensée en français, en néerlandais, en anglais et en allemand.

AutoFORM déploie deux types d'activité :
La première est une activité dite « existante ». Elle correspond à l'activité habituelle organisée par FOREM Formation pour les demandeurs d'emploi et par l'IFAPME pour les apprentis et les candidats chefs d'entreprise.
La seconde est une activité dite « intégrée ». Elle est assurée par l'équipe de l'asbl. Elle est constituée de la formation des travailleurs en étroite collaboration avec EDUCAM, lui même fondateur de l'ASBL et de la formation au profit de l'enseignement (enseignants et étudiants).

Chez AutoFORM, on considère que la formation des travailleurs est une activité qui doit rester significative car ce sont les demandes des entreprises qui poussent le Centre à assurer une évolution permanente de ses contenus de formation. L'ASBL exerce les missions connexes en tant que Centre de compétence : assurer une veille technologique, faire un travail d'information et de sensibilisation, veiller à la recherche et au développement pédagogique, mener ses actions dans une approche qualité, soutenir le développement socioéconomique. Pour mener à bien sa mission de veille, AutoFORM a constitué une cellule de veille avec les deux autres Centres de compétence actifs dans le secteur de l'automobile à savoir FOREM Formation Logistique et Campus automobile. La veille, c'est au quotidien un souci de tous les formateurs pour détecter de nouveaux produits innovants au fil de leurs lectures, de leurs sorties ou de leurs contacts. Leur objectif prioritaire est d'anticiper les évolutions du marché pour préparer les entreprises à s'y adapter. L'évolution technologique dans ce secteur est très importante, sur ces 20 dernières années, il a beaucoup plus évolué que l'aviation par exemple... Une tranche de la profession perd pied et n'est plus capable de travailler sur des véhicules modernes or aujourd'hui, toutes les voitures se modernisent et cela ne concerne pas que les produits de luxe.

AutoFORM ?uvre activement au soutien de l'enseignement. Le monde de l'enseignement doit s'ouvrir à une véritable politique de formation continuée des enseignants et AutoFORM leur propose de nombreuses formations de pointe. Mettre à disposition des professeurs et des étudiants en classe terminale, l'outil extraordinaire que constitue AutoFORM est une de ses priorités. À
ce titre, il souhaite d'ailleurs collaborer avec les futurs Centres de Technologie Avancée (CTA) afin de développer des synergies et éviter les doubles emploi.

Pour les écoles, créer un CTA peut représenter une opportunité exceptionnelle, mais le tout est ensuite de l'exploiter efficacement avec une véritable politique inter-réseaux. Le défi est de viser une formation technique de qualité. Trop de sections professionnelles sont maintenues parce qu'elles attirent les jeunes alors qu'il n'y a pas assez de débouchés d'emploi dans un secteur qui a besoin de travailleurs très qualifiés. Il faut mettre sur pied des 7e années professionnelles qualifiantes dans les sections professionnelles et augmenter l'offre de formation de l'enseignement technique.

La validation des compétences est devenue une mission des CDC. C'est dans ce cadre qu'AutoFORM va bientôt introduire sa candidature pour devenir Centre de validation des compétences. Dans ce domaine, le chantier est énorme, le dispositif est mal connu et de surcroît cette activité est sous financée. Les membres du Consortium de validation des compétences souhaitent réellement assurer la promotion de ce nouveau dispositif et trouver les moyens additionnels nécessaires à son fonctionnement. Une fois reconnu comme Centre de validation, AutoFORM délivrera les Titres de compétence qui composent le métier «  Mécanicien d'entretien ».

La validation des compétences peut apporter une plus-value aussi bien aux personnes qui ont appris leur métier sur le tas que dans les parcours de formation professionnelle, pour les demandeurs d'emploi, par exemple. Obtenir un Titre de compétence qui décline toutes les compétences acquises peut avoir plus d'impact que les attestations de suivi délivrées par les opérateurs de formation professionnelle. Il est important alors de délivrer des Titres qui soient conformes aux attentes des entreprises. L'avenir nous dira s'ils gagneront en valeur d'usage et s'ils seront considérés comme les diplômes de l'Enseignement. Dans un secteur où l'évolution est très rapide, il est un fait que les patrons ne se fient pas exclusivement au diplôme ou titres divers pour considérer les atouts d'un travailleur potentiel. Ils recourent d'ailleurs souvent à l'intérim pour évaluer les capacités réelles d'un candidat. Des études menées par EDUCAM le confirment, dans le secteur de l'automobile, ce n'est pas la main-d'?uvre qui manque mais la qualification.

 

DES CTA À BRUXELLES ET EN WALLONIE

Les premiers Centres de Technologies Avancées (CTA) seront labellisés dès 2008. Un appel aux candidatures a été lancé en mai 2007 à destination des établissements d'enseignement secondaire organisant de l'enseignement qualifiant, orientés sur les secteurs économiques de l'Industrie technologique et de la Construction. L'objectif est d'atteindre à l'échéance 2013 : 21 à 30 CTA en région wallonne (plus vraisemblablement 18 à 24) et jusqu'à 6 CTA labellisés en région bruxelloise.

L'IMPLANTATION GEOGRAPHIQUE ET SECTORIELLE DES CTA

Les opérateurs, désireux de se constituer en CTA, doivent tenir compte de leur éloignement par rapport aux centres et aux équipements existants, assurer une offre sectorielle là où elle n'existe pas encore ou proposer une complémentarité de services par rapport aux CDR ou CDC déjà implantés dans la zone. Le but est de compléter le maillage géographique des formations dispensées dans les centres de formation déjà existants. D'autres critères  interviennent dans la constitution de ces nouveaux centres comme les possibilités d'emploi et/ou les pénuries de main-d'oeuvre identifiées par le FOREM en région wallonne ou ACTIRIS en région bruxelloise ou encore les facilités d'accès (notamment par le réseau des transports en commun (SNCB, TEC, STIB...).

Pour la création de nouveaux CTA, la Communauté française (CF) réserve deux fonds d'équipement distincts en région wallonne et un autre en région bruxelloise (10 fois moins élevé), liés à un cofinancement de 50% par le Fonds structurel européen FEDER . Les budgets affectés aux CTA prévoient des moyens financiers pour l'acquisition d'équipements de pointe (qui resteront la propriété de la Communauté française) et d'éventuels travaux d'aménagement des locaux dans lesquels seront installés les CTA. Le décret prévoit que les chefs d'établissements, les pouvoirs organisateurs ou les ASBL candidats à l'ouverture de CTA mobilisent des moyens humains existants pour en assurer la gestion et la maintenance. Les frais de fonctionnement sont à charge de l'utilisateur en fonction d'un tarif CF. Basé sur le coût moyen estimé d'une activité de formation sur du matériel pédagogique de pointe), il est proposé d'appliquer un tarif de 12 euros par jour et par élève aux opérateurs utilisant les infrastructures des CTA.

Selon Daniel Marbais, chargé de mission de l'Enseignement officiel au sein de la Cellule Equipements et CTA Enseignement qualifiant  : « Il y a des secteurs budgétivores et d'autres moins, les budgets devraient s'ajuster en conséquence...».

UN ETAT DES LIEUX EXHAUSTIF ET ACTUALISE DES EQUIPEMENTS

Une task force  de la cellule CTA (tous réseaux confondus) a pour objet de prospecter les les établissements scolaires (secondaire qualifiant et promotion sociale), les centres de l'IFAPME et du Service de Formation des petites et moyennes entreprise (SFPME) ; les entreprises, les centres du FOREM et de Bruxelles Formation, les CDR et les CDC, les Universités, les Centres de recherche agréés, les Hautes écoles et les administrations publiques en vue d'établir un cadastre  des équipements pédagogiques. À terme, le cadastre devrait reprendre l'intégralité des équipements mis à disposition des publics. Daniel Marbais précise que « cela représente déjà à ce jour près de 45 milles équipements répertoriés dans les écoles qualifiantes en CF ».

UNE MAISON, QUI RESTE VIDE, DEPERIT

Comment donc inciter un maximum d'opérateurs à recourir à ces nouveaux centres pour former leurs publics.
À Bruxelles, les conseils d'administration des Centres de Référence s'en chargent. Y sont représentés : le Ministre régional de l'Emploi, ACTIRIS, le VDAB, Bruxelles Formation, deux organisations représentatives de travailleurs et deux organisations représentatives des employeurs. Au sein du Conseil d'administration, les décisions se prennent par consensus de l'ensemble des membres présents. Cela implique de se rencontrer et d'agir en concordance aussi sur le terrain.

A priori, tous les publics concernés ont intérêt à se former sur des machines de dernier cri dans des lieux qui bénéficient d'une grande notoriété.

Du côté des enseignants et des étudiants, la Communauté Française engage tous les établissements d'enseignement à adapter l'organisation des cours pour y intégrer l'offre de formation proposée par les CTA de telle manière que ces temps de formation des élèves en CTA soient valorisés dans le cadre de leurs éventuels stages actuels et/ou de « futurs stages professionnalisants ».

Du côté des demandeurs d'emploi, ils bénéficient comme stagiaires inscrits en formation professionnelle des avantages pris en charge par l'opérateur public de formation ayant conclu une convention avec un CdR ou un CTA, à savoir les coûts de formation, les frais de déplacement et les indemnités d'1 euro de l'heure de formation.

A priori, l'ensemble des opérateurs publics et privés de formation trouveront un intérêt à cette collaboration qu'il soit d'ordre économique ou pédagogique.

Pour les OISP, plusieurs questions se posent : les CdR s'adresseront-ils aux publics de demandeurs d'emploi les moins qualifiés via notamment des partenariats avec des OISP ? Des filières, élargies à des modules plus spécialisés en CdR, constitueront-elles de véritables tremplins vers l'emploi ? Le développement des CdR et des CTA en Région de Bruxelles-Capitale va-t-il augmenter l'offre, la consolider ou la modifier ?
L'avenir nous dira quels lièvres n'ont pas été levés...

NOTES DE BAS DE PAGE

2) Centre de formation de la CPNAE (Commission Paritaire Nationale Auxiliaire pour Employés, ou Commission Paritaire n° 218)
2) Evoliris a repris la coordination des OISP assurée jusqu'en 2006 par Brutec qui fédérait ces opérateurs actifs dans le domaine des TIC
3) http://www.centresdecompetence.be
4) liste des1centres sur www.febisp.be
5) Le public non domicilié en Wallonie représente près de 3 %.
6) EDUCAM est le centre de formation créé par et pour le secteur automobile et les secteurs connexes, qui veille au maintien à niveau des compétences et du professionnalisme, www.educam.be/fr
7) Le nombre d'élèves et d'établissements concernés sur la zone est également un facteur déterminant dans la création d'un CTA.
8) ENCADRE : Le Fonds européen de développement des régions (FEDER) est le fonds structurel axé sur le développement des infrastructures. Ce fonds vise la promotion de l'investissement et la contribution à la réduction des déséquilibres entre les régions de l'Union. Les actions financées par le FEDER sont, soit liées à la recherche, l'innovation, les questions environnementales et la prévention des risques, soit liées à l'investissement dans les infrastructures, entre autres dans les régions les moins développées. Le FEDER finance les 3 Objectifs Convergence, Compétitivité et Coopération. En Région bruxelloise, le FEDER intervient dans le cadre de l'objectif Compétitivité pour la réalisation d'un programme opérationnel de la Région. Source : Guide pratique des programmes européens à l'usage des porteurs de projets bruxellois, période 2007-2013, document de la Commission Consultative Formation Emploi Enseignement (CCFEE), novembre 2007
9) La task force rassemble les représentants de la Direction générale de l'enseignement obligatoire, non obligatoire et de la recherche scientifique, des opérateurs de formation qualifiante (Bruxelles Formation, Espace Formation PME, CDR) , l'asbl composée des représentants des réseaux d'enseignement qualifiant confessionnel et non confessionnel
10) L'adresse du site : www.cadastre.cfwb.be