SOMMAIRE DE L'INSERTION 114

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Chers lecteurs,

L’année 2017 touche à sa fin ! C’est maintenant que commencent l’heure du bilan de l’année et les perspectives pour 2018.

Cette heure du bilan m’a fait pensé au dernier livre d’Emmanuel Todd « Où en sommes-nous ? » qui veut retracer une brève histoire de l’humanité depuis l’émergence de l’homo sapiens à nos jours. Rien que ça !

Pour comprendre la situation actuelle, l’auteur remet l’histoire au goût du jour. Cette vision d’historien de la longue durée bat en brèche la vision de l’homo economicus uniforme partout dans le monde. Emmanuel Todd fait le constat que l’homme est plus complexe et qu’il n’est pas qu’un être rationnel cherchant à maximaliser son profit. Tout n’avance pas simultanément. L’être humain n’est pas fait d’un seul bloc et il obéit à des temporalités différentes.

Nous pouvons ne pas être d’accord avec le chercheur, il n’en reste pas moins que c’est intéressant de lire à quel point nous sommes multiples. Emmanuel Todd divise les sociétés humaines et leur mouvement en couches successives :
1. A la surface, il y a le conscient, c’est là que surfent l’économie et la politique ;
2. Plus en profondeur, il y a un subconscient de la société : l’éducation. Les parents savent que le destin de leur enfant dépend en grande partie de leur performance scolaire. Tout le monde peut imaginer aisément qu’une société efficace sur le plan éducatif réussira économiquement. L’éducation précède l’économie et la politique ;
3. Plus en profondeur encore, il y a le véritable inconscient des sociétés : la famille et la religion et leurs interactions complexes.
La troisième couche est la plus profonde, elle détermine en grande partie les deux autres et évolue beaucoup plus lentement.
En effet, l’auteur montre que la globalisation économique, le libre-échange et la financiarisation du monde ont pris à peine plus qu’un demi-siècle. Elle démarre lentement en 1945 aux USA, elle arrive en Angleterre en 1979-80 et débarque sur l’ensemble du vieux continent en 1989-90. La globalisation économique a pris six décennies.
Par contre, l’éducation suit une évolution plus lente. Le mouvement vers l’alphabétisation universelle commence en Allemagne au XVIe siècle avec la réforme protestante qui exige un accès direct des croyants aux Ecritures saintes. Les pays convertis au protestantisme ont fait le pas les premiers et le reste du monde a suivi. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’alphabétisation de masse de l’Europe peut être considérée comme réalisée et vers 2030, les jeunes générations de toute la planète sauront lire et écrire. Il aura fallu cinq siècles pour parvenir à ce résultat. C’est-à-dire 10 fois plus que pour la globalisation économique.
Enfin, le mouvement des structures familiales est encore plus lent. L’observation d’une différenciation dans les structures familiales d’homo sapiens débute à Sumer (actuel Irak). Nous comptons ainsi 5000 ans d’évolution. C’est-à-dire 10 fois plus que l’évolution éducative et 100 fois plus que la globalisation économique.

Il s’agit d’un résumé très rapide de plusieurs centaines de pages, fruit d’une quarantaine d’années de recherche… Evidemment le livre est beaucoup plus nuancé. Cependant, cette vision par couche successive, dont certaines sont plus ou moins conscientes, a attiré mon attention sur le fait que le bilan d’une année ne se résume pas à remplir une liste avec « fait » ou « non fait ».

Sur cette note de nuance, je vous souhaite d’excellentes fêtes et une merveilleuse année 2018 !


Tatiana Vial Grösser,
Directrice adjointe de la FeBISP