SOMMAIRE DE L'INSERTION 118

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Les gilets jaunes  

Fin 2018, nous avons assisté au mouvement des gilets jaunes. Tout le monde a été surpris, moi y compris. Avec un peu de recul, je suis surprise d’être surprise.

La situation française n’est pas si différente de celle de la Belgique. Les études ont montré que, partout en Europe, les politiques d’activation de la population se sont durcies et que les conditions de travail se sont également détériorées . Quasi tous les pays européens ont rendu le droit aux allocations de chômage de plus en plus contraignant tout en reculant l’âge du départ à la retraite.  

Parlons un peu de la crise grecque. En 2015, les représentants du Gouvernement grec ont défendu, auprès de leurs partenaires européens, un programme qui mettait fin à l’austérité et pour lequel ils avaient été élus.  La réaction des institutions européennes n’a pas traîné, la fameuse Troïka s’est mise en marche.

C’était simplement la fin du programme choisi par les citoyens grecs et l’imposition d’un programme d’austérité… élu par personne. L’argent qui a été nouvellement prêté à la Grèce n’était pas là pour renforcer les services publics et relancer l’économie, mais bien pour payer ses dettes… Mécanisme sans fin puisque les intérêts exigés à la Grèce sont de plus en plus élevés. Et d’apprendre qu’entre 2012 et 2016, la BCE a fait un bénéfice de 7,8 milliards d’euros sur les titres helléniques... Et qu’entre 2011 et 2017, l’Allemagne a gagné 3 milliards d’euros grâce à la dette grecque. Même le FMI a estimé que la Grèce serait mise dans un état de devoir faire défaut sur sa dette. Ce n’était qu’une question de temps.

Au moment de la première négociation, ou de la première capitulation, les Grecs sont également descendus dans la rue. Cependant, rien n’y a fait : le programme de la Troïka a été mis en place. La situation des Grecs ne s’est pas arrangée, les salaires sont toujours en baisse, les conditions de travail sont de plus en plus précaires, les retraites ont chuté et beaucoup de Grecs ont été contraints de quitter le pays. Le programme d’austérité a continué à être imposé avec quelques rééchelonnements de façade.

Le nouveau Président français a rapidement mis en place, dès son élection, un programme totalement approuvé par les institutions européennes : coupe des dépenses publiques et mise en place d’avantages pour les structures possédant de l’argent afin qu’elles investissent… Et pour trouver un emploi, il fallait oser, oser, oser et encore oser traverser la rue.

Cependant, quand les gens sont descendus dans la rue (en recherche d’un emploi sans doute), sans intention de rentrer chez eux, le Gouvernement a fait volte-face. Il a été à contre-courant de tout son programme et a mis 10 milliards d’euros sur la table ! C’est bien entendu insuffisant, mais c’est surtout bien plus que tout ce qui avait été obtenu jusqu’à présent.

Maintenant, plusieurs scénarii sont possibles. Cependant, une des questions que je me pose est la suivante : si le Gouvernement français est forcé de mettre plus, c’est-à-dire de mettre en place une réelle politique sociale qui sort du cadre des budgets européens, quelle sera la réaction des institutions européennes ? Et en cas de refus, comme pour la Grèce, quelle sera la réaction du Gouvernement français et quelle sera la réaction des Français ? Et en cas d’acceptation, qu’est-ce que cela révèlerait de la considération des différents pays et de leur population au sein des institutions européennes ?

Bonne année 2019 à tous !

Tatiana Vanessa Vial Grösser
Directrice adjointe de la FeBISP